Une baguette magique

Épiphanie était en train de chercher le magasin de Stephanovitch.

- Enfin j'ai trouvé.

C'est là où pas ? Bon allez, je toque.

Épiphanie entra dans le magasin de Stephanovitch.

- Bonjour, alors je voudrais une... quoi mais à qui je parle ? Il n'y a personne ici. Eh hôôôô. Il y a quelqu'un ? Monsieur Stephanovitch, vous êtes là ?

Stephan Stephanovitch faisait ses comptes dans l'arrière boutique. Il ne parvenait pas à trouver d'où venait cette différence de 4 mornilles au bas de son cahier de comptabilité. Cela faisait une demi-heure qu'il s'évertuait à recompter, et recompter encore, mais rien n'y faisait, il ne trouvait pas l'erreur qu'il avait bien pu commettre.
Soudain, il entendit une petite voix qui venait du magasin. Il n'avait pourtant pas entendu la clochette de sa porte ! Cette cliente devait être bien discrète.

- Oui, je suis là. C'est pour quoi ? Si c'est encore pour me demander des lots pour la tombola, désolé mais j'ai déjà donné.

- Bien, bien, j'aime mieux ça ! Nous allons voir ce que j'ai sur mes étagères... Hummmm...

Stephan se baladait entre les étagères avec une agilité remarquable. Il semblait se souvenir de la place de chacune de ses baguettes. Il caressait les boîtes, hésitait, puis continuait son chemin. Finalement il s'arrêta devant une petite boîte dont il fit voler la poussière en soufflant dessus.

- Que dirais-tu de celle-ci : 26,7 cm,  oeil de triton et poil de gobelin ?

Stephan ouvrit la boîte, la posa sur le comptoir et tendit la baguette à la jeune fille.

- Surtout, fais attention à ne jamais lui tirer les poils ! Elle pourrait s'énerver !

Eh oui, car cette baguette était verte et couverte de vibrisses rêches. Il l'avait proposée à beaucoup de personnes, toutes avaient refusé. La pauvre, commençait à avoir le moral dans les chaussettes... Il espérait que cette fois, cette petite ait assez de cœur pour passer outre son apparence.

- D'accord, j'essaierai de ne pas lui tirer les poils.

Epiphanie prit la baguette dans sa main.

- Monsieur, maintenant je fais comment ?

Bon, si elle me va je vais quand même la prendre. C'est mieux que rien.

L'artisan la regarda avec un petit sourire en coin.

Ah ! Ces jeunes sorciers... pensa-t-il. Encore si ignorants.

- Eh bien, fais le geste ! lui lança-t-il en faisant tourner son poignet pour lui montrer. Imagine que tu lances un sortilège et agite cette baguette ! Tu verras bien comment elle réagit.

Il espérait que cette baguette magique trouve enfin son propriétaire. Mais tout dépendait du caractère de cette jeune fille...

Elle agita la baguette magique et Epiphanie tomba par terre. Il y avait de la fumée partout dans le magasin.
-Je crois que cette baguette ne me va pas trop. C'est dommage ! Alors monsieur Stéfanovitch vous en avez une autre  ? 
Je dois l'ennuyer avec mes baguettes. Courage, je vais y arriver. Cette fois, c'est la bonne.

La jeune fille eut à peine le temps de faire un moulinet du poignet que la baguette laissa échapper un épais nuage de fumée avant de faire tomber la petite élève sur les fesses. Stephanovitch toussa de longues secondes en agitant la main devant lui.

- Décidément, grogna-t-il, je n'arriverai jamais à lui trouver un propriétaire. Cette baguette est bien trop susceptible !

Il toussa encore en se rapprochant d'Epiphanie pour vérifier qu'elle ne s'était pas fait mal et récupérer cette maudite baguette qu'il rangea pour la énième fois dans son étui.

- Ne t'inquiète pas, dit-il à la petite fille en retournant fouiller dans ses étagères. Nous trouverons forcément dans cette boutique la baguette qui te convient...

Soudain, une idée lui traversa l'esprit comme un éclair et il se tourna vers la nouvelle élève pour lui demander :

- Je sais ! Raconte-moi la plus grosse bêtise que tu aies faite ! Je suis certain de trouver la baguette qui s'adaptera à ton caractère avec cela. Vas-y ! Raconte-moi tout... Promis, je ne le dirai à personne.

-Monsieur  Stefanovitch, le problème c'est que je suis maladroite. Depuis que je suis née, j'ai fait plein de grosses bêtises. Quand j'avais un an, il y avait la baguette de mon père sur le bureau. La baguette est tombée par terre. Je l'ai prise dans mes mains, en pensant que c'était un jouet et je l'ai secouée dans tous les sens. Quand mon père m'a vue, il a couru vers moi en criant pour me l'enlever. J'ai eu peur et j'ai jeté la baguette. En tombant par terre la baguette a transformé mon père en poisson rouge. Le grand sorcier Smect Ador a trouvé un remède  pour lui rendre sa forme humaine. Quand j'avais huit ans, je venais de me lever. J'ai pris mes vêtements pour les mettre dans la machine à laver. Mais, je n'avais pas vu que mon chat Balthazar était dans mon linge et je l'ai mis dans la machine. Et encore je ne vous raconte pas tout.

Le marchand écouta son histoire avec attention et se mit à éclater de rire.

- Ha ha ha ! Quelles histoires ! On ne doit pas s'ennuyer beaucoup avec toi !

Il écrasa une larme au coin de ses yeux en récupérant ses esprits.

- Tu sembles bien maladroite en effet ! Mais toujours de bonne volonté... Je crois que j'ai une idée.

Il disparut un instant au milieu de ses étagères et en ressortit quelques secondes plus tard avec un étui bleu décoré d'arabesque dorées. Il l'ouvrit pour attraper délicatement une baguette toute fine gravée de discrète rainures sur toute sa longueur.

- Tiens ! Essaie donc celle-ci ! Bois de chêne centenaire et poussière de farfadet ! C'est une créature espiègle et farceuse. Elle pourrait bien s'accorder à ton caractère.

Et il la lui tendit précautionneusement pour la laisser la prendre entre ses petits doigts.

- Waouh elle est magnifique !

Épiphanie prit délicatement la baguette. Elle l'agita puis des roses apparurent dans un vase bleu clair. Quelques instants plus tard un petit feu d'artifice sortit des roses.

- Monsieur Stefanovitch, je crois que cette baguette me va très bien. Vous êtes d'accord ?

Je croise les doigts pour qu'il me dise oui car elle me plait beaucoup. 

Le marchand eut un discret sourire lorsqu'elle gratifia la baguette d'un compliment qui vint délicieusement flatter son ego. Cet ouvrage était l'un de ses préférés également. Et la réponse de la baguette lorsque la jeune fille l'utilisa sembla confirmer sa première impression : toutes deux s'accordaient à merveille !

- Elle est parfaite ! lança-t-il en se redressant. Je crois qu'elle te servira très bien à Puddinglard.

Puis il se pencha sous son comptoir pour en sortir un carnet poussiéreux et un vieux crayon. Il feuilleta les pages un instant jusqu'à trouver la ligne qui répertoriait cette baguette et griffonna quelques mots indéchiffrables qui indiquaient qu'elle avait trouvé son nouveau propriétaire.

- Voilà, mademoiselle. Cela te fera 37 gallions, 8 mornilles et 6 noises. Veux-tu un paquet ou préfères-tu la garder comme ça ?

- SUPER ! YOUPI ! Oh pardon monsieur je suis trop contente. C'est ma première baguette. 

Épiphanie donna les 37 gallions, 8 mornilles, 6 noises.

Ce n'est pas trop cher.

- Monsieur Stephanovitch, je voudrais bien un emballage.

-Aucun problème chère demoiselle. Voici un joli étui qui en plus a la particularité de sentir la fraise des bois quand on le frotte contre son oreille. C'est un modèle unique que je réservais depuis longtemps à une gentille jeune fille. Cadeau de la maison !

Stéphane était ravi de faire plaisir à une si délicieuse enfant.

- Au plaisir de te croiser !