Chez monsieur stephanovitch

Stephan Stephanovitch buvait son café quand une jeune fille entra brusquement dans sa boutique. Le marchand sursauta et renversa une partie de sa tasse sur sa robe de sorcier toute neuve !

- Par les tentacules de Gzor' !!

Il se releva immédiatement et vérifia qu'il ne s'était pas brûlé avant de chercher dans ses tiroirs de quoi essuyer la tache. Il trouva un vieux chiffon qui ne fit qu'ajouter du noir au marron du café qui avait imprégné les fibres de son vêtement.

- Bon sang de scregneugneu...

Il soupira et finit par abandonner, convaincu qu'il  ne pourrait rien faire pour arranger cela. De forte mauvaise humeur, il se dirigea donc vers l'entrée de sa boutique en grommelant :

- Oui ! Oui... On ne vous a pas appris à entrer discrètement chez les gens ? Regardez ce que vous m'avez fait faire !

Il désigna la tache sur sa robe du bout du doigt avant d'ajouter :

- C'est pour quoi ?

- Vous ne me parlez pas comme ça ! Vous êtes fou ! Bon je veux une baguette. Vous avez une baguette qui m'irait bien. Bon vous vous activez ? Je la veux tout de suite ! Ou alors je m'en vais ! Je vous le dis je veux une baguette en poils de dragon marron ou en poils de dragon blanc ou ...
 
J'espère qu'il va me donner ce que je veux.

Le vieux Stephanovitch écarquilla les yeux de stupeur. Il ne revenait pas de l'insolence de cette jeune fille. Restant muet quelques secondes, il finit par croiser les bras tout en fronçant ses sourcils broussailleux.

- Ah oui ? demanda-t-il. Eh bien, allez-y, jeune fille. Partez ! Si vous êtes incapable de faire preuve de politesse, la porte se trouve juste derrière vous ! Nous verrons bien comment vous vous débrouillerez dans une école de sorcellerie sans baguette magique. Voilà qui s'annonce cocasse ! Je ne sers pas les petites insolentes qui viennent dans ma boutique en terrain conquis.

Non mais ! Elle n'est pas née celle qui me fera lui obéir au doigt et à l’œil, surtout sur ce ton ! Si elle veut une baguette, elle a intérêt à vite changer de comportement, sinon, qu'elle aille voir ailleurs !

- Excusez-moi, je suis désolée.  Bon s'il vous plait, je peux avoir une baguette?

Elle regarda en l'air.

-Ha la la. Vous me faites bien rire. Ca fait longtemps que vous travaillez ici ? 

Elle disait cela pour le calmer.

-Alors?

Le ton de la demoiselle avait changé radicalement. Il valait mieux cela. C'était incroyable à quel point les nouveaux élèves étaient insolents de nos jours. Comment diable étaient-ils donc éduqués ? L'école allait devoir leur apprendre à vivre en société. Les parents auraient dû s'en charger.

- J'aime mieux ça chère demoiselle ! Je vais voir ce que je peux faire pour vous. Mais apprenez que je n'ai aucunement apprécié votre attitude. Bahhh, n'en parlons plus. Suivez-moi !

Stephan s'enfonça dans un dédale d'étagères, qui formait des couloirs étroits, sinueux, qui tournaient soudain à angle droit, montaient une marche, en descendaient deux. Il réfléchissait en grommelant dans sa barbe, s'arrêtait devant une boîte, secouait la tête, puis repartait encore plus loin, en furetant comme une belette.

- Ah, essayons cela : poil de mygale, 32,5cm. Un vrai bijou ! Qu'en dites-vous ?

- Ah, je peux la tester.
 
Elle regarda monsieur Stephanovich et la testa.

- Eh bien, je l'adore je peux la payer tout de suite si ça ne vous dérange pas. Et je la paye comment et avec quoi?

Elle pensait en quoi elle allait payer la baguette magique.

Mais d'où sortait donc cette jeune fille ? Elle ne connaissait pas l'unité monétaire du monde sorcier ? C'était bien la première fois qu'il rencontrait quelqu'un d'aussi peu instruit.

- Mais voyons, en gallions bien sûr ! Où avez-vous donc grandi ? Cela vous fera 18 gadoules, 6 noises et 8 mornilles. J'espère que vous avez l'appoint parce que je n'ai que très peu de monnaie.  Je vous l'emballe ?

C'était une affaire rondement menée et Stephan adorait les choses bien faite. Il était certain que cette baguette allait s'entendre merveilleusement avec sa nouvelle propriétaire. Il sorti de sous le comptoir un petit étui en écailles de python et y glissa la baguette.

- Voilà mademoiselle ! Vous ne regretterez pas votre achat. Je pense que je ne vous reverrai pas de si tôt. Bonne soirée.