Mon petit animal!

Elle commença à chanter de tout cœur. Elle s’arrêta net devant une boutique.

Oh !!!!! Ils sont tellement mignons j’en veux un !!!!

Elle toqua.

- Bonjour, bonjour, je voudrais un hérisson blanc. Ca peut-être bizarre mais c’est inoffensif et puis sans se le cacher c’est tellement mignon !! Ne vous inquiétez pas pour moi. Je m’assois, je n’ai pas besoin de vous je suis assez grande ! Bon, c’est long ! Vous avez une tortue dans les jambes ! Même mon arrière-grand-mère va plus vite que vous ! Pourtant, elle a 98 ans, je pense que vous êtes moins vieux !

Eh bien ! ça promettait. Quelle était donc cette furie qui parlait avec un débit qui devrait être interdit par la loi et qui commençait par lui reprocher sa lenteur. Cela lui donnait envie de ralentir encore tous ses mouvements. Elle n'était pas née la demoiselle qui le ferait marcher au pas.
Il commença par l'ignorer complètement. Il passait devant elle, continuait à vaquer à ses occupations, sans lui adresser ne serait-ce qu'un regard. Puis quand elle fut à bout de souffle et qu'elle ferma enfin sa bouche, il lui dit :

- Ca y est ? Vous avez fini ? Vous avez dû me confondre avec votre mère ! Alors vous allez reformuler poliment votre demande et je verrai ce que je peux faire pour vous. Sinon, vous pouvez tout aussi bien sortir TOUT DE SUITE de cette boutique.

Si la demoiselle pensait pouvoir l'amadouer avec un compliment bidon, elle se fourvoyait lourdement. Par contre, il se faisait beaucoup de souci pour le pauvre animal qui allait devoir partager sa vie.
Tout à coup, il eut un éclair de génie. Il repensa à ce vieux hérisson acariâtre qu'il n'avait jamais pu faire adopter parce qu'il ne supportait personne et piquait les doigts de tous ceux à qui il l'avait proposé. Sale caractère pour sale caractère, René pensa que ces deux-là pouvaient peut-être fonctionner ensemble.

- Mais bien sûr, suivez-moi ! Je suis malheureusement presque en rupture de stock. Il ne me reste plus qu'un mâle albinos. Tenez, le voilà ! Qu'en pensez-vous ?

René ne put retenir longtemps un sourire en coin. Alors, voilà ! On jouait les gros bras, mais on avait peur d'un pauvre petit hérisson. Mwaa, la blague ! Comment réagirait la Demoiselle face à un griffon, un groupe de mandragores ou quand elle croiserait Aragog ? 

- Mmmoui, je crois en effet qu'il vaut mieux se contenter d'un hamster ! La férocité de ces animaux est déjà bien connue ! Quand vous arriverez à le maîtriser, on pourra peut-être essayer le lapin angora.

Encore une princesse terrorisée par le Panpan de Bambi et qui voudrait se faire passer pour une badasse !

- Allez, suivez-moi. J'ai pas mal de hamster au fond dans la vitrine et toutes les couleurs sont représentées. Il y en a même avec des poils longs. Vous pourrez lui mettre de jolis petits nœud-nœuds sur la tête.

René l'entraîna vers l'avant de la boutique et lui présenta la caisse dans laquelle s'ébattaient le groupe de rongeurs. Elle comportait une dizaine d'individus, de toutes les tailles, tous les sexes et toutes les couleurs. 

- Y en a-t-il un qui corresponde à vos désirs de cruauté ? lui dit-il en se moquant visiblement d'elle.