Quelle baguette ?

Bon, après tout ça, deux ans plus tard, il entendit parler de Puddinglard. Il se dit qu'il méritait d'y aller. Le garçon brun se trompa 22 fois de chemin, et 33 fois de magasin. Il ne se repèrait pas très bien. Puis il trouva le chemin diagonal, et le magasin de Mr.Stephan Stephanovitch.
Ouf ! J'ai enfin trouvé. La porte est laide. On dirait un nez de gobelin beurk!!! Il a un mauvais  goût !


- Bon allez. Je vais entrer. Y'a quelqu'un ? Oh oh, ici votre client attend .

Il ne doit pas avoir trop de clients , vu comme ça ne sent pas bon.  Il ne doit pas être là.

- Si c'est comme ça, je ne reviens pas. Et si jamais vous avez du sent bon, à l'oeil de crapaud, et au grain de beauté vous en pchitt-pchittez un peu, parce que l'odeur du tétard ce n'est pas merveilleux.

Perdu au milieu de ses étagères poussiéreuses qu'il tentait maladroitement de ranger, le fabricant de baguettes eut à peine le temps d'entendre quelqu'un entrer dans sa boutique qu'il se sentit déjà sermonné. Tendant l'oreille, il attendit quelques instants caché derrières les piles d'étuis, de livres et de boîtes pour voir si le jeune homme allait se décider à être plus aimable, mais celui-ci ajouta que sa boutique sentait mauvais avant de tourner les talons pour repartir. Le sang de Stephan Stephanovitch ne fit qu'un tour et il se leva d'un coup pour aller jusqu'à son comptoir en lançant d'un ton rude :

- En plus de cinquante ans dans la fabrication et la vente de baguettes magiques, jamais je n'ai vu jeune garçon aussi insolent à ma porte ! Aucun salut, impatient ! Et en plus ma boutique pue ? Savez-vous où vous vous trouvez, jeune homme ? Chez Stephan Stephanovitch ! Sacré meilleur artisan de Moldavie trois années de suite ! Et meilleur fabricant de baguettes de la région ! Alors veuillez montrer un peu de respect lorsque vous entrez dans cette boutique, sinon, vous pouvez toujours effectuer votre rentrée à Puddinglard avec une vulgaire branche de saule cogneur pour seule baguette !

Il se tut un instant et se redressa pour croiser les bras devant sa poitrine.

- J'attends vos excuses...

Ah non mais je rêve !!!!!! Depuis quand un vieux barbu me prend la tête ? Oui meilleur marchand... Et moi, je suis le magicien d'Oz tiens !!!


-Pardon monsieur.

 Il répondit sur un ton mesquin. 

-Bon, j'attends ma baguette Mr. Stephanovitch. Ah oui dites-moi, les autres boutiques elles puent ou pas ?   

Pas comme la vôtre.

Puis, il sortit une petite tartelette de sa poche droite, mais il se mit à s'étouffer en la mangeant.

- Bon de l'eau vite. Ne restez pas planté là.

Puis il se mit à taper sur sa poitrine, cela fut finit.

- Vous me laisseriez m'étouffer ! Euh non vous êtes très très gentil.  

Il se mit à rigoler doucement. Il avait peur que le commerçant lui crie dessus.
 
- Eh, ma baguette, moi j'attends toujours. Si vous êtes le meilleur marchand donnez-moi ma baguette. 

L'excuse du jeune garçon sonna étrangement faux, et pour cause : il n'avait rien perdu de son insolence. Les sourcils broussailleux du vieux Stephanovitch se froncèrent alors qu'il tentait de faire de son mieux pour contrôler sa colère et il se mordit la langue pour éviter de lui répondre ce qui lui passa par la tête lorsqu'il sous-entendit encore que sa boutique sentait mauvais.

Quel garnement ! Mais où a-t-il été élevé, bon sang ?

Alors que l'enfant se mettait à s'étouffer avec sa tartelette, le marchand soupira et commença à faire le tour de son comptoir pour l'aider, mais le jeune homme s'en sortit finalement tout seul.

- Eh bien ! Quelle comédie pour si peu... grommela Stephanovitch assez fort pour que son jeune client l'entende.

Mais il n'était pas au bout de ses peines car visiblement, ce dernier n'avait rien perdu de son aplomb. L'artisan serra les dents, sentant son agacement monter en flèche. Cette fois, il en avait plus qu'assez. Il sortit sa baguette et la fit tourner deux fois en marmonnant une obscure formule. Soudain, un balais sortit d'un placard à l'arrière pour se précipiter vers lui. Le fabriquant de baguette l'attrapa par le manche, se redressa et le tendit au jeune garçon.

- Puisque vous semblez dur de la feuille, je vais vous expliquer autrement comment les choses de passent dans cette boutique. Votre insolence commence très gentiment à m'irriter et je vous conseille d'ôter très vite ce sourire méprisant de vos lèvres avant que je ne perde patience. Je ne sais pas pour qui vous vous prenez du haut de vos dix ans, mais si vous pensiez tomber sur quelqu'un qui vous passerait votre arrogance, vous êtes tombé sur le mauvais cheval. Alors si vous voulez votre baguette, vous avez intérêt à vite revoir votre comportement. Et pour vous rappeler ce que veut dire "être aimable", vous allez commencer par balayer les miettes de tartelette que vous avez laissées sur mon plancher lors de votre quinte de toux. Ca vous apprendra les bonnes manières... Allez ! Dépêchez-vous ! Je n'ai pas toute la journée...

Non mais, il est fou ou bien il le fait exprès.

- Eh pardon !!!!! dit le garçon qui commençait à paniquer. Désolé je vous fais mes plus plates excuses. Une fois lavé, vous me vendez une de vos baguettes ok ? Bon moi je vais commencer.

Non mais il n'est pas très aimable le barbu, même un lion est plus gentil que lui.

Il prit le balai, il mit deux trois coups de balai, puis il finit par mettre tout dans la pelle, il mit les miettes à la poubelle.

- Vous voyez j'ai fini, vous mettez trop de temps donc moi je vais choisir.

Il passa à coté du comptoir, puis il se retrouva au milieu des baguettes. Il prit une boîte au hasard, il passa à côté du comptoir, ouvrit la boîte. Une fumée verte s'en échappa. Il prit la baguette, la fit tourner deux fois, puis une fumée violette s'en échappa, la fumée était en forme de oui. Et il dit :

- C'est la bonne. 

Il fit venir la boîte jusqu'à lui et il lut:

Stephanovitch n'en croyait pas ses yeux. Quel culot ! Ce petit morveux s'était permis de franchir son comptoir, fouiller dans ses étagères, ouvrir une boîte et même décréter que la baguette était la bonne. Et tout cela sans le consulter une seule fois !

- J'ai rencontré beaucoup de jeunes élèves dans ma longue vie de sorcier, mais jamais encore je n'avais croisé quelqu'un d'aussi mal élevé ! Je ne sais pas ce qui me retient de vous jeter à la rue et de vous bannir définitivement de cette boutique. Vous êtes chez moi, toutes ces étagères renferment le fruit de très nombreuses années d'études et de travail. Reposez IMMEDIATEMENT ce que vous avez dans la main, ou je vous la transforme en chou-fleur !

Stephane était hors de lui. Cette fois, il allait vraiment falloir que ce jeune garçon se calme.

Il prit la boîte et remit la baguette dedans et dit :

-Pardon monsieur mais je n'y peux rien. Je pensais que vous me mettriez des coups comme le marchand que j'ai rencontré. Mais vous vous m'avez l'air gentil. Pardon pour tout.

Il dit tristement : 

- Donnez-moi une baguette de saule cogneur ou une baguette de chat déformé ça m'irait c'est sûr.

Décidément, ce jeune élève ne semblait rien comprendre.

- Ce n'est pas le sorcier qui choisit sa baguette, mais bien LA BAGUETTE QUI CHOISIT LE SORCIER !
Vous m'entendez ? Vous ne pouvez pas vous balader ainsi et saisir la première baguette qui vous chante. Ni même en choisir les ingrédients. Vous allez devoir attendre que l'une d'entre elle vous choisisse. Aaaah , mais c'est un monde tout de même !

M.Stephanovitch s'avança entre les étagères en dodelinant de la tête, puis il s'arrêta subitement devant un étui verdâtre. Il le saisit avec précaution et en sortit une petite baguette un peu tordue dont le manche semblait couvert de verrues.

- Plume de linotte et écaille d'orvet. 18,7cm. Qu'en pensez-vous ?

-La taille est bien, Je vais la tester.

Milo fit trois tours de suite puis la baguette se mit à parler.

-Salut p'tit gars tu me sembles méchant toi nan ? dit la baguette. 

-Ah mais c'est quoi son problème à cette baguette ?

Milo laissa tomber la baguette. Puis la remit dans l'étui et dit:

-Ce n'était pas prévu ça ?

Stephan n'était pas très surpris. Ce modèle de baguette était très exigeant et il savait qu'il aurait bien du mal à lui trouver le sorcier de ses rêves.

-Je ne crois pas en effet que vous soyez fait pour elle. Il vaut mieux que je la remette en sûreté sur son étagère, avant qu'elle ne se mette vraiment en colère. Cherchons autre chose !

Stephan reprit son chemin en musardant de ci de là, absorbé dans ses réflexions. Il se dirigea vers une boîte violette dont sortaient de longs filaments verts.

-Mmmh, voyons voir. Ah! peut-être celle-ci ! Œil de faucon et patte de crapaud. Une merveille ! 22.8cm. Nous allons voir comment elle réagit.

La baguette est cool!!! Elle est pour moi enfin je pense.

Milo prit la baguette, fit les trois tours et la baguette eut comme des frissons.

-Oh mais n'aies pas peur, je ne vais pas te faire de mal.

La baguette se mit à tourner et de la neige tomba. 

- Vous en pensez quoi vous ?

 C'était la première fois que Stephan voyait une baguette se comporter de la sorte. Il n'en croyait pas ses yeux. Son étonnement n'avait d'égal que son émerveillement. En effet, la baguette, sans quitter les mains de son propriétaire, émettait des gerbes de flocons de neige qui envahissaient peu à peu la boutique et recouvrait chaque objet, chaque meuble, d'une légère couverture immaculée. Autour d'eux, tout apparaissait désormais sous un jour féérique, mais il ne faisait pas froid. Cette neige n'était ni mouillée, ni froide, elle était juste magnifique.

- Je crois que cette baguette a trouvé son nouveau compagnon. La neige doit avoir pour vous une signification particulière. Peut-être est-elle liée à un souvenir particulièrement joyeux de votre vie. Cela vous fera dix-huit noises et cinq mornilles. Je vous offre son coffret de rangement.

- Je suis trop content, donc dix-huit noises et cinq mornilles et voilà.
  
Milo avait des étoiles plein les yeux.Mais les flocons n'étaient plus là.

-Vous avez trouvé une baguette pour moi merci.